Skip to content

Blogue

yamil, /jaˈmil/ nom inani­mé, pl. yami­li

  • quelque chose de noir

Ce n’est pas une racine, c’est un déri­vé d’un verbe signi­fiant « brû­ler ». Mais je n’au­rais pas eu le temps de décrire un tel mot, por­teur de mul­tiples sens et géné­ra­teur de mul­tiples dérivés.

Exemples

  • Sobuor ha oɣi yadu­kor yami­lor. « Des che­vaux noirs boivent à la rivière. » 
    sob-uor
    ava­ler-PRS.SUBJ.3.AN.SG
    ha
    de
    oɣo‑i
    eau-PL.ABS
    yaduk-or
    che­val-PL.NOM
    yamil-or
    noir-PL.AN.NOM

kem /kem/, nom ani­mé, pl. kemuor

  1. hache, cognée
  2. tête de hache

Un objet cultu­rel­le­ment très impor­tant, d’où son genre animé.
Les haches de ce peuple sont for­mées de pierre taillée.

Exemples

  1. Bié­kiyuʔ-ʔe da sap ha totoxoy kememe ? « Ta hache a‑t-elle réduit la tête d’un chas­seur en bouillie ? » 
    biek-◌́i‑yu‑ʔ=ʔe
    mâcher-PASS.SUBJ-NEG-3.AN.SG=NEG
    da
    ART
    sap
    tête
    ha
    de
    totoxoy
    chas­seur
    kem-mé
    hache-2.POSS.NOM
  2. Otoʔ da kem mar bezek. « Elle pré­pare une grande tête de hache. » 
    uot-aʔ
    sculp­ter-PRS.SUBJ.3.AN.SG
    da
    ART
    kem
    hache
    mar
    sous
    bezek
    grande_chose

Concer­nant la for­mu­la­tion indi­recte du pre­mier exemple qui signi­fie en réa­li­té « L’as-tu tué avec des coups de hache sur la tête ? » : il est évi­té de par­ler fran­che­ment de meurtre.
C’est tabou.
Ce n’est pas la per­sonne qui a tué, c’est un outil qui lui appartient.
Comme ici cet outil est de genre ani­mé, il accède à des verbes réser­vés à ce genre comme « man­ger, mâcher », pour une for­mule d’au­tant plus percutante.

Pour l’ex­pli­ca­tion du second exemple : lit­té­ra­le­ment, on dit que la per­sonne fabrique une hache à par­tir d’un grand objet (de l’i­voire, très cer­tai­ne­ment, étant don­né le verbe).

Dérivés

  • dakem, verbe : cou­per avec une hache (< da- « verbalisateur ») 
    • dake­mey, nom ani­mé, pl. dake­meyuor : por­teur de hache (< -nay « nom d’agent »)
    • dake­mi, nom inani­mé, pl. dake­mi : coupe du bois (< -i « nominalisation »)
    • dake­mil, nom inani­mé, pl. dake­mi­li : entaille (< -il « nom de résultat »)
  • ɣoke­mu, nom inani­mé, pl. ɣoke­mu­ni : site de fabri­ca­tion des haches, car­rière (< ɣon‑u « qui engendre ») 

uot /ʔu̯ot/, verbe

  • tailler, sculp­ter (ivoire, os, bois)

Exemples

  • Oteʔ da yaduk mar tazi. « Nous sculp­tons un che­val dans de l’os. » 
    uot-eʔ
    sculp­ter-PRS.OBJ.1.PL.EXCL
    da
    ART
    yaduk
    che­val
    mar
    sous
    tazi
    os

Au lieu de dire « sculp­ter un os en forme de che­val », on dit « sculp­ter un che­val (qui se trouve) sous l’os ».
La forme obte­nue, le che­val, est pré­exis­tante à sa réa­li­sa­tion par l’artiste.

Dérivés

  • otil, nom inani­mé, pl. oti­li : sculp­ture (< -il « nom de résultat »)
  • oṛey, nom inani­mé, pl. oṛe­ni : ciseau de sculp­ture, gouge, en pierre (< -ṛey « outil ») 
    • oṛey tazi : ciseau en os (< tazi « os ») 

sisok /siˈsok/, nom ani­mé, pl. siso­kuor

  1. baie mûre
  2. [en appo­si­tion] rouge

Contrai­re­ment à haku « blanc », ce nom de cou­leur est intrin­sè­que­ment animé.
Son plu­riel en cas d’ac­cord avec un nom inani­mé est siso­ki.

Exemples

  1. Seʔiyi­doʔ pokoy da siso­kuor. « Je cueille des baies pour le sorcier. » 
    seʔi-id-oʔ
    cueillir-IND-PRS.OBJ.1.SG
    pokoy
    sor­cier
    da
    ART
    sisok-uor
    baie-PL.ABS
  2. Wire­ni­ma siso­ki. « Tes ongles sont rouges écarlate. » 
    wiro-i-má
    ongle-PL-2.POSS.NOM
    sisok‑i
    rouge-PL.IN.ABS

Comme pro­mis, j’ai spé­cu­lé sur la signi­fi­ca­tion de wiro au genre inani­mé ; c’est « ongle » (car on écrase les poux avec les ongles).

Dérivés

  • siso­ko­ko, nom inani­mé, pl. siso­ki­ka : baies cueillies ; sac de baies (< -aka « nom collectif)

sap /sap/, nom inani­mé, pl. sapi

  1. tête
  2. bour­geon

Exemples

  1. Bas­ti­doʔ sap. « Je lui mets une claque. » 
    bast-id-oʔ
    frap­per-IND-PRS.OBJ.1.SG
    sap
    tête
  2. Sapiʔ kié­riʔ lem ɣoma­sexu­ni. « Ces bour­geons ne sont pas de la mau­vaise nourriture. » 
    sap-i‑ʔ
    bour­geon-PL-NOM
    kiére-i‑ʔ
    celle_­là-PL-NOM
    lem
    ne_pas_être
    ɣomaxe­su-ni
    mau­vaise_­nour­ri­ture-PL.ABS

Dans le pre­mier exemple, sap pla­cé juste après un verbe à la voix indi­recte est à la place du bénéficiaire…
sauf qu’il est inani­mé, et de ce fait ne peut pas rem­plir le rôle.
Il est donc nor­ma­le­ment inter­pré­té comme un objet géné­rique (c’est à dire, non spé­ci­fié par da), très inté­gré au verbe, au point qu’on peut par­ler d’un nou­veau lexème bast- sap « mettre une claque ».

Dans le second exemple, notez la forme kié­ri, le plu­riel de kiére que j’a­vais pré­sen­té il y a seize jours sous la forme kiere.
Je me suis ren­du compte un peu tard que la diph­tongue ie appa­raît en posi­tion inac­cen­tuée, où elle devrait se sim­pli­fier en e.
Plu­tôt que de régu­la­ri­ser en kere, j’ai chan­gé l’ac­cent de ce mot, ce qui le place dans une très petite caté­go­rie de noms qui ne portent pas l’ac­cent sur la der­nière syllabe.

Dérivés

  • sapa­ka, nom inani­mé, pl. sapi­ka : rameau de bour­geons (< -aka « nom collectif »)