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Demain com­mence le Lexembre, un mois de créa­tion lexi­cale quo­ti­dienne dans une idéo­langue de mon choix.

Qu’est-ce que le lamáya, qui détient cet hon­neur aujourd’hui ?
Je l’i­ma­gine par­lée dans un envi­ron­ne­ment de savane, par des groupes de chas­seurs-cueilleurs, juste avant la révo­lu­tion néolithique.
Elle a pour but de ser­vir de pro­to-langue pour une famille par­lée dans un de mes uni­vers, laquelle a pour objec­tif de rap­pe­ler les langues afro-asia­tiques esthé­ti­que­ment et conceptuellement.
Pour l’ins­tant, j’i­ma­gine trois branches :

  1. La pre­mière, qui n’a pas for­cé­ment lais­sé de des­cen­dants à l’é­poque moderne, se sera diver­si­fiée assez tôt, four­nis­sant un sub­strat pour les autres branches
  2. La seconde aura pour prin­ci­pal repré­sen­tant un équi­valent de l’é­gyp­tien ancien mêlé d’ak­ka­dien, une langue clas­sique qui reste un mar­queur de culture pour les modernes
  3. La troi­sième, la plus impor­tante joue­ra le même rôle que les langues sémi­tiques modernes, en par­ti­cu­lier l’une d’entre elles qui son­ne­ra hébreu/arabe

Prononciation

Il y a cinq voyelles a e i o u, et deux diph­tongues ie uo.

Les vingt consonnes sont :

labiales api­cales rétro­flexe pala­tales vélaires labio-vélaire glot­tales
occlu­sives p b t d k g ʔ
affri­quée č
fri­ca­tives s z x ɣ h
rho­tiques r
laté­rale l
nasales m n
semi-consonnes y w

L’ac­cent tonique se place régu­liè­re­ment sur la der­nière syl­labe, mais peut recu­ler sur l’a­vant-der­nière ou l’an­té­pénul­tième des verbes dans cer­taines formes conju­guées ; éga­le­ment dans les noms pour­vus de suf­fixes pos­ses­sifs (comme le nom de la langue lamáya, lit­té­ra­le­ment « notre langue »).

Grammaire

L’ordre des mots dans la phrase est verbe-objet-sujet.

Noms

Les noms sont clas­sés en deux genres, ani­mé et inanimé.
Le pre­mier regroupe ani­maux et humains, ain­si que cer­taines forces natu­relles, le second tout le reste.

Ils sont flé­chis pour le nombre (sin­gu­lier, duel, plu­riel) et le cas (nomi­na­tif, absolutif).
Un mot sur les cas : c’est l’ab­so­lu­tif qui est la forme de base, le nomi­na­tif mar­qué ne ser­vant que comme sujet du verbe.

Ils peuvent éga­le­ment rece­voir des suf­fixes indi­quant la per­sonne du pos­ses­seur (1ʳᵉ exclu­sive, 1ʳᵉ inclu­sive, 2ᵉ).

Verbes

Les verbes se conjuguent pour le temps (pré­sent ou pas­sé) ; la per­sonne (1ʳᵉ exclu­sive, 1ʳᵉ inclu­sive, 2ᵉ, 3ᵉ), le nombre (sin­gu­lier, plu­riel) et le genre (ani­mé, inani­mé) du sujet ; pour la pré­sence ou nom d’un objet ani­mé ; pour la per­sonne (1 exclu­sive, 1 inclu­sive, 2) de l’ob­jet ; pour la voix moyenne (signa­lant que le sujet béné­fi­cie de l’ac­tion) ou béné­fac­tive (signa­lant que c’est une tierce per­sonne qui béné­fi­cie de l’ac­tion) ; et enfin, pour la négation.
Je ne pré­sen­te­rai pas le tableau com­plet des flexions, si ça ne vous dérange pas.
Voyons sim­ple­ment quelques exemples avec le verbe ɣaz- « laver » :

  1. Ɣazuoʔ da nikot. « Je lave le pot. » 
    ɣaz-uoʔ
    laver-1.SG.SUBJ
    da
    ART
    nikot
    pot
  2. Ɣazoʔ da pieg. « Je lave le lion. » 
    ɣaz-oʔ
    laver-1.SG.OBJ
    da
    ART
    pieg
    lion
  3. Ɣán­zuʔ. « Je me lavais. » 
    ɣaz-m-◌́ u‑ʔ
    laver-MED-PST.SUBJ-1.SG
  4. Ɣazidó­mo da nikot. « Je lave votre pot. » 
    ɣaz-id-oʔ-ma
    laver-IND-1.SG.OBJ-2.PAT
    da
    ART
    nikot
    pot

(Pro­non­cé /ħõse/).

Il y a quelques années, j’a­vais décrit une varié­té futu­riste du fran­çais par­lée au XIVe siècle. C’é­tait dans le cadre d’un jeu dans la com­mu­nau­té Dis­cord des idéo­lin­guistes fran­co­phones, que nous avions nom­mé le « télé­phone arabe dia­chro­nique ». Le prin­cipe était le sui­vant : un pre­mier par­ti­ci­pant rédige une des­crip­tion suc­cincte mais assez com­plète d’une langue, invente quelques cen­taines de mots, et four­nit le tout à deux per­sonnes du groupe, qui vont faire évo­luer la pho­no­lo­gie, la gram­maire et le lexique pour décrire deux nou­velles langues-filles ; et ain­si de suite jus­qu’à ce qu’on arrive aux der­niers maillons de la chaîne, qui pré­sen­te­ront les gram­maires et lexiques finaux. Le but du jeu était de par­ve­nir à une famille com­plète de langues par­ta­geant la même ori­gine, mais sculp­tées par les goûts idéo­lin­guis­tiques de plu­sieurs créateurices. 

En tant que pre­mier maillon, je me suis atte­lé à déri­ver mon tra­vail d’une langue exis­tante pour aller plus vite : en deux semaines, j’a­vais mes vingt pages de gram­maire et 500 mots. Main­te­nant, ce relais aux bases tout de même assez auda­cieuses est au point mort et il est peu pro­bable que l’on découvre un jour la famille com­plète. Je livre donc ici la gram­maire, légè­re­ment rema­niée pour enle­ver les coquilles, et le lexique (entrée, par­tie du dis­cours, (formes du verbe), défi­ni­tion, (éty­mo­lo­gie)). Et une fois que vous aurez lu ça, décou­vrez mes propres cri­tiques sur cette vieille création. 

Phonologie

Je reste d’a­vis que les consonnes finales du fran­çais risquent de s’a­muïr, sur­tout dans le Nord. Je suis main­te­nant moins convain­cu de l’é­vo­lu­tion des voyelles, sur­tout de la diph­ton­gai­son des voyelles arron­dies d’a­vant /y ø œ/. J’a­vais pen­sé à l’ex­pli­quer par une influence de la langue espa­gnole, mais le ḥõse est jus­te­ment par­lé dans une zone qui ne leur est pas direc­te­ment sou­mise, alors qu’ils sont en contact avec des ger­ma­no­phones, les­quels risquent moins de perdre ces voyelles. 

Le for­mat du relais ne m’a pas per­mis de me ren­sei­gner plus avant sur les évo­lu­tions pho­né­tiques pro­bables de toutes ces langues de contact, et c’est cer­tai­ne­ment quelque chose que je ferais si je devais recommencer.

Il y a autre chose que je ferais autre­ment : l’af­fri­ca­tion de /t d/ devant élé­ment pala­tal. Dans cette ver­sion, ils deviennent affri­quée et fri­ca­tive api­cale /ts z/ res­pec­ti­ve­ment, mais ce qu’on entend dans le fran­çais popu­laire aujourd’­hui est clai­re­ment pala­tal /tɕ dʑ/ voire /tʃ dʒ/. Conser­ver ce point d’ar­ti­cu­la­tion en outre m’au­rait per­mis de mieux jus­ti­fier le chan­ge­ment des /ʃ ʒ/ his­to­riques en /x ɣ/ (par volon­té de gar­der les sons bien dis­tincts les uns des autres). 

Le dépla­ce­ment de l’ac­cent sur l’a­vant-der­nière syl­labe est ins­pi­rée d’une vidéo de Mon­té de Lin­guis­ti­cae ; pour ma part je ne l’en­tends pas encore autour de moi.

Voi­ci le pro­gramme simu­lant l’é­vo­lu­tion pho­né­tique, à uti­li­ser sur cette page web, à par­tir de la forme pho­no­lo­gique des mots don­née dans les dic­tion­naires fran­çais de référence.

Orthographe

J’o­se­rai plus de digraphes dans une nou­velle mou­ture : la nota­tion des fri­ca­tives pha­ryn­gales et vélaires n’est pas for­cé­ment très intui­tive si l’on se can­tonne à des carac­tères uniques diacrités.

Je n’ai pas tra­vaillé l’or­tho­graphe « indi­gène », que ce soit la ver­sion latine ou la ver­sion arabe.

Grammaire

De nos jours, dire du fran­çais par­lé qu’il est en voie de deve­nir poly­syn­thé­tique est un mar­ron­nier chez les idéo­lin­guistes fran­co­phones, et il se trouve bien des lin­guistes pour en par­ler (par exemple ici). Il était tout à fait nor­mal que je m’a­muse à inven­ter un com­plexe ver­bal mul­ti­pliant les pré­fixes et les suf­fixes, enco­dant sujet, objet(s), néga­tion, temps, etc. ; vous remar­que­rez que le tableau qui pré­sente toutes ces cases manque de dépas­ser la page…​et c’est pour cette rai­son pure­ment typo­gra­phique que je n’ai pas inté­gré plus d’élé­ments aux verbes, comme par exemple les auxi­liaires être et avoir, ou cer­tains adverbes (déjà, trop, etc.)

Je suis assez satis­fait d’a­voir pu réduire le nombre de radi­caux dis­tincts à apprendre pour chaque verbe à cinq. 

Pour ce qui est des noms, je n’ai pas trou­vé de rai­sons pour sup­pri­mer les genres, d’au­tant plus qu’ils per­mettent de dis­tin­guer de nou­veaux homo­phones consé­cu­tifs à la perte des consonnes finales. Cepen­dant, sup­pri­mer presque toutes les occur­rences de l’ar­ticle défi­ni m’ap­pa­raît main­te­nant comme peu pro­bable : ce n’est pas parce que le russe se débrouille avec l’ordre libre des mots pour expri­mer la défi­ni­tude que je dois copier cette struc­ture dans une langue qui dis­pose déjà de la mor­pho­lo­gie nécessaire.

Lexique

Je regrette de n’a­voir indi­qué que la langue de pro­ve­nance des emprunts (espa­gnol, néer­lan­dais, arabe clas­sique, arabe magh­ré­bin, anglais), et pas les mots emprun­tés eux-mêmes : je ne les retrou­ve­rais pas forcément. 

Postérité

L’u­ni­vers dans lequel est par­lé cette idéo­langue pour­rait encore me ser­vir de base pour cer­tains scé­na­rios (jeu de rôle ou récit tra­di­tion­nel). Je me laisse la pos­si­bi­li­té de recréer un RONSE/ḥõse 2.0, en pre­nant bien mon temps pour docu­men­ter les emprunts, les chan­ge­ments séman­tiques, les ortho­graphes intra­dié­gé­tiques et rédi­ger de vrais textes de la culture concernée.

Pour mes col­lègues idéo­lin­guistes : vuzoxe ḥwi kò pu-labose sèla lõ ? « com­ment auriez-vous pro­cé­dé pour faire évo­luer le français ? »

Nous sommes à la veille de décembre, ce qui signi­fie un nou­veau mois de créa­tion lexi­cale : le Lexembre.

Quoique je par­ti­cipe régu­liè­re­ment à l’exer­cice depuis main­te­nant sept ans (d’a­bord sur mon blog anglo­phone), j’ai failli l’é­di­tion pré­cé­dente en m’ar­rê­tant avant le qua­tor­zième jour… pour une rai­son de motivation.
C’est que les langues employées étaient neuves, très neuves, trop neuves, tout ce que je fai­sais était sau­pou­drer une struc­ture brin­que­ba­lante de voca­bu­laire sans grande réflexion cultu­relle derrière.
De plus, cela fai­sait direc­te­ment suite à l’autre défi col­lec­tif de fin d’an­née, c’est-à-dire au NaNo­Wri­Mo et ses 50000 mots à rédi­ger en un mois (objec­tif que, bien sûr, je n’ai pas atteint non plus).
Plu­tôt que de subir la pres­sion jour­na­lière de la publi­ca­tion, j’ai pré­fé­ré tra­vailler à mon rythme sur un nou­veau pro­jet, sans lien avec les anciens, avec l’ob­jec­tif d’a­voir quelque chose de cohé­rent à pré­sen­ter à qui me deman­de­rait « c’est quoi le résul­tat de ‟créer une langue” ? ».

Un an plus tard, j’ai une gram­maire d’une qua­ran­taine de page assor­tie d’un lexique de presque 400 mots.
J’ai aus­si ten­té d’é­tof­fer un peu plus la culture des locu­teurs pour m’im­pré­gner au plus près d’un mode de pen­sée dis­tinct pour les traductions.
Cette langue s’ap­pelle le dye­log, et je vais l’in­tro­duire ici vite fait.

Le dyelog en quelques mots

Locuteurs

Il s’a­git d’une langue par­lée par un peuple de ber­gers se nom­mant eux-mêmes Shu­tya, habi­tant des hauts-pla­teaux aux confins d’un grand empire.
Ils sont peu bel­li­queux, quoique par­mi eux cer­tains se révèlent doués de pou­voirs ther­mo­ki­né­tiques ; contrô­ler la tem­pé­ra­ture par la pen­sée leur sert sur­tout à éco­no­mi­ser du com­bus­tible pour se chauffer.

Leurs dieux sont divi­sés en deux groupes, les têhes ou idoles de pierre, à qui ils font des offrandes pro­pia­toires, et les sahe­gi­rû ou mer­veilles natu­relles telles que le soleil et l’hi­ver, à qui il n’est d’au­cune uti­li­té de s’a­dres­ser tant elles sont puissantes.

Prononciation

Les cinq voyelles a e i o u se pro­noncent brèves, â ê î ô û en sont les ver­sions longues.

Les consonnes sont :

Labiales Api­cales Rétro­flexes Pala­tales Vélaires
Occlu­sives t d ty dy k g
Fri­ca­tives s z sh zh h
Nasales m n ny
Laté­rales l ly
Rou­lée r
Semi­voyelles y wh w

Les rétro­flexes sont pro­non­cées avec la pointe de la langue sur l’ar­rière du palais dur.
Les pala­tales se pro­noncent avec l’ar­rière de la langue sur le palais dur (ly est com­pa­rable à l’i­ta­lien gli) ; h est une fri­ca­tive com­pa­rable à l’al­le­mand ch.
Wh est un w pro­non­cé sans vibra­tion des cordes vocales.

L’ac­cent tonique est tou­jours sur la pre­mière syl­labe d’un mot.

Grammaire

Noms

Les noms sont divi­sés en quatre genres : humain, natu­rel, fabri­qué, et pluriel.
Ce der­nier recouvre tous les plu­riels des autres genres, plus quelques noms mas­sifs ou abs­trac­tion comme mush « eau » et molen­do « communauté ».

Il y a quatre cas de décli­nai­son : le nomi­na­tif, qui est le cas par défaut, le datif qui sert pour les autres argu­ments du verbe quand ils sont défi­nis (par un article ou un pos­ses­sif), le géni­tif pour les pos­ses­seurs défi­nis, et l’ins­tru­men­tal pour le rôle d’instrument/accompagnant.

Adjectifs

Les adjec­tifs s’ac­cordent en genre avec le nom qu’ils déter­minent, et en cas (mais seule­ment sur l’axe nominatif/autre).

Locatifs

En fran­çais, on les tra­dui­raient par des noms de lieu ou des adverbes, il s’a­git en dye­log de sa propre caté­go­rie qui sert aux com­plé­ments de lieu, de temps et d’é­tat : taut « à la mai­son », sah­ta « la nuit », tuw­han « en guerre ».
Ils ne se déclinent pas comme les noms, mais prennent des suf­fixes de posi­tion (« debout », « allongé·e », etc.) et des suf­fixes pré­ci­sant si l’on vient de ou si l’on se dirige vers.

Verbes

Les verbes se conjuguent sur quatre bases dis­tinctes, exem­pli­fiées ici par « observer » :

  • la base irréelle, la plus basique, uti­li­sée pour l’im­pé­ra­tif et le sub­jonc­tif (kak)
  • la base pro­gres­sive, uti­li­sée pour le pré­sent, l’im­par­fait et le géron­dif (kako)
  • la base pas­sé, uti­li­sée pour le pas­sé (kau­gi)
  • la base infi­ni­tive, uti­li­sée pour l’in­fi­ni­tif et toutes les déri­va­tions nomi­nales (kau­ta)
    Sur ces quatre bases, divers affixes per­mettent d’ac­tua­li­ser le temps, le mode, la per­sonne et le genre du sujet.
    Pour les verbes de per­cep­tion, le verbe s’ac­corde avec la chose per­çue, et non pas avec la per­sonne qui perçoit.
    Il existe éga­le­ment un suf­fixe d’in­ten­si­té, qui peut signa­ler que l’ob­jet du verbe est plu­riel, ou que l’ac­tion se répète dans le temps, ou que l’ac­tion dure longtemps.

Format du Lexembre

Je pré­sen­te­rai un mot par jour, plus ses éven­tuels déri­vés, ain­si que des phrases d’exemple pour mettre cha­cun de ses sens éven­tuels en contexte.
J’es­père tenir le rythme cette année.

Si vous par­ti­ci­pez aus­si au Lexembre, n’hé­si­tez pas à vous signa­ler dans les com­men­taires, et bonne chance à vous !

Un petit tour d’ho­ri­zon de la néga­tion du verbe dans trois idéo­langues par­mi celles sur les­quelles j’ai le plus tra­vaillé. Quels sont les paral­lèles que l’on peut observer ?

À chaque fois, j’ai essayé de ne pas faire exac­te­ment comme en fran­çais (ou les autres langues euro­péennes de ma connais­sance). Mais un phé­no­mène res­sort tout de même ici : la néga­tion de l’im­pé­ra­tif est tou­jours dis­tin­guée de celle des phrases déclaratives.

Margoro

Phrases déclaratives

Auxiliaire kɛri

La néga­tion du verbe fait inter­ve­nir un auxi­liaire pla­cé entre le sujet et le verbe, le verbe kɛri dont le sens lit­té­ral est « man­quer de, ne pas avoir ».

  • Go kɛri limɔ dɛ.
    • 1SG man­quer voir 2SG
    • « Je ne te vois pas. »

En rai­son de son sens pre­mier, il rem­place com­plè­te­ment le verbe aton « pos­sé­der, avoir » lorsque celui-ci est nié.

  • Non kɛri diya­ra.
    • 1PL man­quer troupeau.chèvres
    • « Nous n’a­vons pas de chèvres. »

Et en tant que verbe, kɛri peut por­ter des suf­fixes modaux.

  • kɛri­ha” ga ga ?
    • 2PL man­quer-INT faire fait
    • « Est-ce que vous ne l’a­vez pas fait ? »

Verbes négatifs

Cer­tains verbes pos­sèdent un anto­nyme intrin­sè­que­ment néga­tif, par exemple wete « ne pas vou­loir » qui répond à tete « vou­loir ». Il n’ont donc pas besoin de l’auxi­liaire kɛri.

Impératifs

Pour l’ex­pres­sion de la défense, un autre auxi­liaire est employé : we « ne pas faire ». Celui-ci ne s’emploie jamais seul. De plus, comme il ne peut séman­ti­que­ment pas por­ter de suf­fixes modaux (inter­ro­ga­tion, degré de cer­ti­tude), il est à se deman­der s’il s’a­git vrai­ment d’un verbe ou s’il ne serait pas plus simple de le décrire comme une particule.

  • Di we arwa !
    • 3PL PROH venir
    • « Qu’ils ne viennent pas ! »

Les verbes qui ont une contre­par­tie néga­tive emploie celle-ci à l’impératif.

  • Go tete siro !
    • 1SG ne.pas.vouloir manger
    • « Pour­vu que je ne cède pas à la ten­ta­tion de man­ger ! », lit­té­ra­le­ment « que je ne veuille pas manger ! »

Ubaghuns tëhe

Phrases déclaratives

La néga­tion des phrases décla­ra­tives en ubag­huns tëhe consiste à don­ner un objet de sens néga­tif au verbe. Cela crée des com­pli­ca­tions syn­taxiques lorsque le verbe est intran­si­tif et ne peut donc pas régir d’ob­jet nor­ma­le­ment, ou lors­qu’il est tran­si­tif et a déjà un objet exprimé.

Verbes sans objet exprimé

Les deux mots néga­tifs prin­ci­paux sont gëdi « nulle part » et babon « rien/personne ». Le pre­mier vient après les verbes de mou­ve­ment (ter­mi­nai­son -es), le second après les verbes tran­si­tifs (ter­mi­nai­son -os), et les verbes attributifs/locatifs (ter­mi­nai­son -is) peuvent pré­sen­ter les deux.

  • Bëdi bikes gëdi.
    • 1SG voir-MOUV nulle.part
    • « Je ne vois rien » (les verbes de per­cep­tion sont des verbes de mou­ve­ment en ubag­huns tëhe)
  • Gibe gëtan­dos babon.
    • 2SG pleu­rer-TR personne
    • « Tu n’es triste pour personne. »
  • Tan­di kii­dins babon/gëdi.
    • 3SG atta­ché-ATT rien|nulle.part
    • « Il n’est atta­ché à rien/nulle part. »

Les verbes intran­si­tifs sont éga­le­ment nié avec babon, mais comme ils ne peuvent pas avoir d’ob­jet de par leur nature, il faut chan­ger la ter­mi­nai­son ver­bale -i en tran­si­tif -os :

  • Ong­ta dahigi.
    • doigt long-INT
    • « Un doigt est long. »
  • Ong­ta dahigos babon.
    • doigt long-TR rien
    • « Un doigt n’est pas long. »

Verbes avec objet exprimé

Un verbe a au maxi­mum deux argu­ments : le sujet et l’ob­jet, pas plus. Pour faire reve­nir le com­plé­ment éven­tuel rem­pla­cé par gëdi ou babon, il faut employer donc une construc­tion sérielle, c’est à dire faire suivre le groupe ver­bal par le verbe attri­bu­tif hide­kis « être comme » régis­sant l’an­cien com­plé­ment. Ainsi :

  • Agi­benz etë­kos babon hide­kis gian­de­ku.
    • iben-ez etë­ka-os babon hidek-is giandeku
    • enfant-DEF ébor­gner-TR rien comme-ATT chat
    • « L’en­fant n’é­borgne pas de chat », lit­té­ra­le­ment « l’en­fant n’é­borgne rien comme chat »
  • Gido­ho hed­dies gëdi hide­kis gekad­tang­kez.
    • gido­ho hed­di-es gëdi hidek-is gekadtangkaz-ez
    • ver ram­per-MOUV nulle.part comme-ATT fruit.pourri-DEF
    • « Un ver ne rampe pas vers le fruit pour­ri, il n’y a pas de ver qui rampe vers le fruit pour­ri », lit­té­ra­le­ment « un ver ne rampe nulle part comme le fruit pour­ri »

Impératifs

Dans les énon­cés expri­mant l’ordre, on retrouve un pro­cli­tique i- devant le sujet ou le verbe (si le sujet n’est pas pré­sent). Pour expri­mer la pro­hi­bi­tion, il suf­fit de le rem­pla­cer par le pro­cli­tique abe-.

  • I-kied haha­ban­bos dahi­hi.
    • IMP=1.PAUC pié­ti­ner-TR ici
    • « Pié­ti­nons le sol ! »
  • Abe-kied haha­ban­bos dahi­hi.
    • PROH=1.PAUC pié­ti­ner-TR ici
    • « Ne pié­ti­nons pas le sol ! »

Les restruc­tu­ra­tions syn­taxiques tou­chant aux verbes intran­si­tifs, aux objets, n’ont plus lieu d’être dans cette structure.

Ɣu

Phrases déclaratives

La par­ti­cule de néga­tion veos se place immé­dia­te­ment après le verbe conju­gué, sauf si celui-ci est uti­li­sé avec une par­ti­cule adver­biale ; auquel cas la néga­tion vient après la particule.

  • Apnáñi veos nat jápnete.
    • a‑pnañ‑i veos nat jápnet‑e
    • 1SG-savoir-PRS NEG DEM famille-PAT
    • « Je ne connais pas cette famille. »
  • Tapó­mi so veos óskot.
    • ta-pom‑i so veos óskot
    • 3SG-payer-PRS dehors NEG beaucoup
    • « Il ne dépense pas beaucoup. »

Impératifs

Un verbe conju­gué à l’im­pé­ra­tif (pré­fixe tu(h)-) sera nié à l’aide de la par­ti­cule vel. Les verbes modaux ne sont pas employés à l’impératif.

  • Tuz­ploes vel !
    • tu-z-ploes vel
    • IMP-1SG-tou­cher PROH
    • « Ne me touche pas ! »